Pour les mener à ce qu’on appelle généralement l’éveil, c’est-à-dire à la découverte subite de leur véritable nature dans la réalité du monde, les maîtres zen posent à leurs élèves des problèmes connus sous le nom de “Koan”, questions ou histoires énigmatiques. Les contes d’Ariane Buisset ne sont rien d’autre, car ils montrent comment le héros, englué dans un dilemme insoluble, ne peut en sortir qu’en passant dans une autre dimension, inimaginable pour lui et jusque-là non perçue. Le Maître de la laque, peintre émérite, affronte le problème d’aller au-delà de ce qui est déjà au-delà de son art, son élève, lui, affronte juste le premier passage... Kitaro dénoue habilement le nœud entre son devoir de samouraï et son devoir d’être humain. Le jeune Liang dépasse la haine et la culpabilité pour redécouvrir la clarté essentielle qui est notre seul vrai maître… Le lecteur, ayant suivi chacun des héros pas à pas, aura, par alchimie subtile, la force de briser avec lui à chaque fois sa coquille, et comprendra pourquoi un tel livre ne pouvait se terminer que sur un baiser.